Un jour, un jeune moine taoïste se présenta devant son maître.
Maître, lui dit-il : Sais-tu ce que je viens d’apprendre sur l’ami qui est venu te voir hier ?
Le maître sourit et répondit tranquillement :
Avant que tu ne m’informes, je souhaiterais te proposer une réflexion sur les trois clés du jugement.
Quelles sont ces clés ? demanda le disciple, curieux.
La première clé concerne la vérité et la réalité des faits que tu souhaites me rapporter.
Je n’ai rien vérifié, je l’ai seulement entendu dire, répondit le disciple.
Tu ne sais donc rien de la réalité de ce que tu colportes, c’est bien cela ?
C’est cela reconnu le jeune moine, un peu gêné.
Voyons maintenant la deuxième clé qui ouvre la porte de la compassion.
Ce que tu me rapportes sur mon ami est probablement à son avantage et pour son bien ?
Non, pas du tout. C’est plutôt désobligeant.
Tu veux donc, repris le maître, me rapporter une information qui dénigre un de mes amis, et tu ignores tout de la réalité et de l’exactitude des faits ?
C’est exact, admit le disciple, de plus en plus embarrassé.
Il reste la troisième clé, dit le maître. Elle ouvre la porte de l’opportunité.
Est-il opportun et utile que tu propages ainsi un jugement bâtit sur une information infondée, à propos de mon ami ?
Je ne le pense pas, répondit le disciple.
C’est bien ainsi. Si ce dont tu veux m’entretenir n’est ni exact, ni compatissant, ni utile, pourquoi venir troubler la quiétude et la sérénité de ton vieux maître ?
Conte Taoïste. Vers 400 avant JC.